# Ce collectif qui souhaiterait un coup d’Etat
Plusieurs centaines de personnes appartenant au «Mouvement du 14 Juillet» ont manifesté ce mardi après-midi dans l’espoir de prendre le pouvoir. Le rassemblement n’ayant pas été officiellement déclaré, 300 personnes ont été interpellées. Quelque 300 personnes qui rêvaient de prendre le pouvoir à la faveur d’un «coup d’État» ont manifesté mardi à Paris à l’appel du «Mouvement du 14 Juillet» avant d’être pour la plupart interpellées. Les organisateurs avaient appelé sur Internet à se rassembler place de la Concorde dans la matinée, alors que l’armée y défilait, avant de manifester près de l’Assemblée nationale dans l’espoir de prendre le pouvoir. Qui est derrière ce mouvement? Comment fonctionne-t-il? Eléments de réponses. Mais quel est ce mouvement? Sur son site Internet, le «Mouvement du 14 Juillet» se présente comme un «collectif de simples citoyens», qui veut «modifier le cours de l’histoire actuelle», «changer les décideurs» et «modifier en profondeur les structures de gestion de la société». Ce petit groupe constitué d’une dizaine de représentants se dit «extérieur à tous mouvements politiques ou religieux». En réalité, il s’agit d’un rassemblement hétéroclite qui diffuse principalement des théories complotistes. Ses militants veulent interdire les vaccins, prônent la médecine alternative, accusent de trahison ceux qui se sont soumis à l’Europe, dénoncent «la fausse dette des banquiers» utilisée pour «oppresser» le peuple «économiquement» ou encore condamnent les Américains qui «dilapident notre patrimoine ancestral, nos grandes entreprises, nos aéroports, etc». La liste est longue. Depuis quand existe-t-il? Difficile d’établir une date fixe. Sans être plus précis, le «Mouvement du 14 Juillet» indique sur son site qu’il est né «il y a quelques mois». Selon Le Monde, l’origine de ce mouvement remonte à mars 2014, date de la diffusion d’une première vidéo mettant en scène un certain Eric Fiorile, l’un des actuels porte-paroles du mouvement. Ce dernier explique avoir inventé le concept de «démosophie», dont la définition se trouve sur son site Internet : il s’agit d’un «modèle de société qui, au lieu d’être dirigée par l’oligarchie politique issue de la République, le serait par la logique et le bon sens de citoyens sans aucune sélection de ceux-ci par la situation sociale, les partis ou les sectes. Ceux-ci serviraient donc les intérêts du peuple plutôt que ceux des multinationales finançant les partis politiques». Mais tous les militants du mouvement n’adhèrent pas aux idées d’Eric Fiorile. Certains se désolidarisent de «ses thèses», d’autres se revendiquent des Anonymous. Des vidéos du mouvement circulent également sur des sites liés à Dieudonné et à Alain Soral. Comment s’organise-t-il? Très présent sur le web, ce groupe s’est surtout fait connaître ces dernières semaines en diffusant des vidéos et en appelant à manifester sur les réseaux sociaux. Depuis le 18 juin 2015, une nouvelle instance a été créée pour représenter le mouvement: le Conseil national de transition (CNT). Selon ses fondateurs, qui lui ont consacré un site Internet à part entière, cette entité est devenue à cette date «la seule autorité légitime de la nation française». Une proclamation officielle a même été diffusée dans plusieurs vidéos. «Le nombre de ces membres s’élève à 315 pour le moment, mais le CNT a pour but d’accueillir plus de monde», explique la porte-parole Myriam Vouters, dans les Inrockuptibles. Selon une liste diffusée sur leur site, figurent parmi les membres du CNT des restaurateurs, des intermittents du spectacle, des retraités, des artisans, des techniciens, etc. Que voulaient-ils faire concrètement en ce 14 juillet? En ce jour de fête nationale, leur but était d’organiser une prise du pouvoir. Sur leur site, ils annonçaient vouloir «suspendre de ses fonctions l’ensemble de la caste politicienne et de ses principaux supports institutionnels, nationaux, régionaux et locaux». En clair, ils souhaitaient prendre le contrôle des bâtiments stratégiques: Élysée, Matignon, palais du Luxembourg et Assemblée nationale. Ils se sont donc donnés rendez-vous place de la Concorde, où se terminait le défilé dans le but d’entraîner avec eux l’armée pour les aider à prendre le pouvoir. Sans surprise, l’opération n’a pas fonctionné. Ils se sont rassemblés derrière l’Assemblée nationale, puis à la gare du Nord et à Beaubourg, où 300 personnes ont été interpellées pour contrôle d’identité. Quel est leur objectif? Pour faire simple, ces militants souhaitent mettre en place un nouveau système de gouvernance, pour «rendre la souveraineté au peuple français». Autrement dit, exit la République et tous les «politiciens» qui «agissent en fonction de divers intérêts, sauf ceux du peuple». Une fois les institutions renversées, ce petit groupe espère pouvoir former un gouvernement provisoire. Pour ce faire, il compte recruter «un minimum de 2000 citoyens, volontaires», tirés au sort parmi les internautes qui se seront inscrits sur leur site. Le mouvement prévoit le tirage au sort peu après le 14 juillet. L’étape d’après? «La réécriture de la constitution, qui est une étape essentielle pour garantir la souveraineté du peuple», écrit-il encore sur son site. Quel avenir pour un mouvement comme celui-là? Certaines vidéos sur les réseaux sociaux ont été vues plusieurs milliers, voire millions de fois. «Ils sont très présents sur les réseaux sociaux, mais quasiment absents sur le terrain pour le moment, ça reste des groupuscules, expliquait aux Inrockuptibles Ornella Guyet, une journaliste qui a beaucoup écrit sur le sujet. Ce type de mouvement est sans espoir, mais pour ceux qui y croient, le risque est de former des déçus de la politique. (…) Pour des gens qui entrent en politique, qui sont un peu perdus, il y a des risques qu’ils se tournent vers ce genre de mouvements qui présentent de prime abord certains aspects sympathiques et attrayants, mais qui sont potentiellement des portes d’entrée vers l’extrême droite», ajoute-t-elle.