Alter et moi

Dans sa maison simple, dans une colonie de la vallée de la Bekaa au Liban, à côté de tentes abritant d’autres réfugiés de la guerre en Syrie, Raja parle du moment où deux jeunes Allemands sont arrivés à sa porte il ya plusieurs mois. Ils lui ont dit qu’ils étaient chercheurs pour un organisme de bienfaisance. « Ils semblaient aller bien », dit Raja. « Ils voulaient juste venir et filmer la maison. Nous avons dit: » Nous n’avons rien à cacher.  » Ils ont tout filmé, même la cuisine.  » Raja, qui a peur de donner son nom complet, dit qu’elle n’aurait pas laissé les hommes entrer si elle avait su comment les images seraient utilisées. Les hommes ont inclus des images d’enfants chez elle dans une vidéo qu’ils ont publiée sur Facebook en mai. La vidéo, qui projette leur plan, pourrait passer pour une opération de collecte de fonds humanitaire standard. Une mélodie sombre joue sur des images d’enfants réfugiés et de tentes débordées près d’un champ détrempé. « Aidez-nous à soutenir les habitants de Syrie et du Liban en faisant un don maintenant », déclare un homme en allemand. Leur objectif: aider les réfugiés au Liban – les empêcher de venir en Europe. Les hommes étaient liés à un groupe d’extrême droite en Allemagne qui s’appelle le mouvement identitaire. L’année dernière, certains membres de ce petit groupe anti-immigration intransigeant ont lancé une initiative appelée Alternative Help Association – connue sous l’acronyme «AHA» avec un point d’exclamation supplémentaire – pour fournir de l’aide aux réfugiés dans leurs communautés existantes. de les empêcher de demander l’asile ailleurs. « AHA estime que la migration vers l’Europe ne peut pas être la solution aux problèmes de ces régions », l’un des Les dirigeants du groupe ont dit dans la vidéo, qui montre lui et un collègue marchant dans le camp de réfugiés. « Nous pouvons être plus efficaces localement avec beaucoup moins d’effort. » Bien qu’elle soit encore extrêmement petite et peu active au Liban, l’AHA a fait la connaissance des agences d’aide établies, qui se méfient du groupe. Till Küster, le coordinateur syrien pour Medico International, une organisation à but non lucratif allemande qui se concentre sur la santé mondiale, a déclaré que son organisation avait alerté ses partenaires au Liban et en Syrie pour éviter les AHA. « Il ne s’agit pas vraiment de soutenir les réfugiés syriens », dit Küster à propos de l’AHA. « Ce qu’ils font, c’est qu’ils abusent des besoins des réfugiés au Liban pour atteindre leurs propres objectifs politiques. » AHA déclare dans sa vidéo promotionnelle que son travail est nécessaire car il vise à répondre aux besoins des réfugiés au Liban, alors que d’autres organisations humanitaires tentent de faire venir des réfugiés en Europe. Ceci est « un non-sens », dit Küster, qui note que le Liban est inondé de groupes d’aide travaillant pour répondre aux besoins des réfugiés. « Il y a tellement d’initiatives et d’associations qui travaillent pour les réfugiés », dit-il. « Donc je ne pense pas vraiment qu’il y ait un grand besoin pour AHA de commencer à y travailler. » Les Nations Unies dépensent également des centaines de millions de dollars pour aider les Syriens au Liban, fournissant une assistance à plus d’un million de réfugiés syriens enregistrés et de nombreux Libanais touchés par la crise des réfugiés. En affirmant que d’autres groupes d’aide aident à amener des réfugiés en Europe, M. Küster affirme que l’AHA essaie d’influencer un débat délicat entre les Allemands. l’aile droite où les organisations humanitaires doivent prendre les migrants sauvés alors qu’ils tentent de traverser la mer Méditerranée. En se présentant comme des réfugiés aidants, les membres de l’AHA « cachent leur vrai message », dit Küster. « En fin de compte, cependant, l’idée vient d’un coin de la société politique d’extrême droite. » Sven Engeser est un membre éminent de l’AHA qui apparaît dans la vidéo Facebook du groupe au Liban. Il est également un activiste du mouvement identitaire. S’exprimant avec NPR en provenance d’Allemagne, il a nié que les « identitaires » aient des liens avec l’extrême droite du pays. Il se décrit comme un « patriote » qu’il définit comme voulant empêcher les immigrants « culturellement et ethniquement différents », en particulier les musulmans, de venir en Europe. « Nous voulons arrêter la migration des musulmans en Europe et cesser de les soutenir en Allemagne », dit-il. « C’est un problème parce que ce n’est pas facile de les intégrer. C’est un continent chrétien. » « Nous voulons sauver nos frontières. A cause de la masse l’immigration en Europe, je pense que nous avons perdu notre identité.  » Simone Rafael du groupe Amadeu Antonio Stiftung, basé à Berlin et qui étudie les mouvements extrémistes, dit que quelle que soit la définition du mouvement, son idéologie est conforme à l’extrême droite. « Les croyances derrière leurs actions sont presque toutes les croyances classiques d’extrême droite », dit-elle. « L’essentiel est le racisme, mais ils ne l’appellent pas le racisme. Ils essaient de l’emballer de manière plus agréable. » Au lieu de cela, dit-elle, ils utilisent l’expression « ethnopluralisme » – une croyance selon laquelle chaque peuple appartient à sa propre partie du monde « et devrait y rester ». « Ce qu’ils veulent vraiment, c’est que ces idées [de l’extrême droite et du racisme] deviennent des principes essentiels pour toute la société allemande, ce qu’elles ne sont pas », dit Rafael. « Et ils essaient de cacher leurs intentions de gagner en influence. » Rafael dit que le mouvement identitaire est tellement islamophobe qu’ils ne considèrent même pas les adeptes allemands de la religion musulmane comme des citoyens allemands. « Ils ne le font pas attention à ce qu’il y ait des musulmans en Allemagne, qui ont toujours vécu ici. Pour eux, ce ne sont pas des Allemands », dit-elle. Source : organisation de seminaire.