Uncategorized @ 11 mai 2015, Commentaires fermés sur Cercle de Bordeaux sur le travail

Jeudi dernier, je me suis rendu à Bordeaux pour participer à un séminaire sur le monde du travail. La question du temps de travail a évidemment été un des problèmes centraux. Si les participants ont eu droit aux poncifs habituels sur ce type de sujet, une intervention en particulier m’a donné envie de vous l’exposer brièvement. L’orateur y décrivait en effet pourquoi l’homme allait travailler de moins en moins… pour gagner de plus en plus. Et il ne s’agissait pas même d’une divagation, car cette mutation est déjà amorcée depuis près d’un siècle ! Les différentes innovations qui ont fait leur apparition avec la révolution industrielle nous ont en effet offert la possibilité d’accroître la richesse globale, de vivre mieux, plus longtemps d’une part et en meilleure forme. Un travail à notre époque réclame moins de temps et se révèle moins dommageable pour la santé qu’il y a une siècle. On l’oublie un peu vite, mais il est peut-être bon de le rappeler : nous bénéficions aujourd’hui d’une qualité de vie dont même les nobles ne pouvaient rêver il y a deux siècles. L’idée selon laquelle à l’avenir, nous devrons tous travailler jusqu’à l’âge de cent ans n’a donc pas le moindre sens. C’est le contraire qui va arriver. La recherche multiplie la productivité de l’homme et lui permet de travailler de moins en moins, dans de meilleures conditions, tout en gagnant en valeur ajoutée. Dans notre monde occidental, le temps où le secteur agricole représentait 50 % de la population active est depuis longtemps fini. Grâce aux tracteurs, à des semences améliorées, aux engrais et à la progression des techniques, nous nous sommes affranchis de cette pénibilité. Au cours de ces derniers siècles, nous avons avant tout destiné l’augmentation collective de l’espérance de vie et de la richesse à toujours plus de temps libre. Le fait de devoir aujourd’hui travailler de nouveau plus longtemps n’est somme toute que passager. Nous avons seulement pris de l’avance sur un capital qui n’avait pas encore constitué. Cependant, l’évaluation la plus rationaliste relative à notre avenir permet de bien augurer davantage de richesse, moins de travail et plus de temps libre. S’il ne fallait retenir qu’une chose en définitive de ce séminaire à Bordeaux, c’est que, contrairement à ce que les médias prétendent, il y a de quoi se réjouir. Et ça, c’est déjà un sacré quelque chose ! Suivez le lien pour obtenir plus d’informations sur les dates et thématiques du prochain séminaire à Bordeaux.

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Uncategorized @ 11 mai 2015, Commentaires fermés sur Piketty en star américaine

La publication en anglais par Harvard university press du dernier livre de l’économiste Thomas Piketty fait événement. Revue de presse. Rareté des raretés dans le petit monde feutré de l’édition universitaire, la parution aux Etats-Unis du Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), le plus récent ouvrage de l’économiste français Thomas Piketty, a été avancée d’avril à mars, tant il était attendu. Capital in the Twenty-First Century (Harvard university press, 696 p., 35 euros) achève d’asseoir sa réputation dans le monde anglo-saxon. Déjà surnommé par certains le « inequality guru »,Thomas Piketty s’apprête à être adoubé par les économistes américains les plus éminents. Le 16 avril, il prononcera une conférence à la City university of New York, qui sera suivie par un commentaire livré par les économistes Paul Krugman, Joseph Stiglitz et Steven Durlauf (moins connu, ce dernier occupe une place d’influence depuis qu’il a co-dirigé la publication d’un dictionnaire The New Palgrave Dictionary of Economics (2008)). La conférence sera retransmise en direct sur Internet. La presse s’est déjà emparé de son livre et les éloges pleuvent. Le bihebdomadaire The American Prospect n’y voit rien de moins que le « Triomphe de Piketty ». Les critiques ne manquent pas non plus et portent notamment sur les propositions politiques avancées par l’auteur. Sans prétention d’exhaustivité, nous nous arrêtons ici sur les articles qui font le plus autorité et les points de débats qu’ils soulèvent.Capital Le célèbre économiste Paul Krugman vient de faire paraître un long article dans la New York Review of Books où il vante, sans retenue, les mérites du Capital au XXIe siècle. Thomas Piketty était déjà bien connu pour le travail statistique pionner mené avec Emmanuel Saez et Anthony Atkinson pour chiffrer les inégalités. Il passe maintenant à une nouvelle étape et son livre vient révolutionner notre manière d’aborder les disparités économiques en remettant les riches au centre du débat, souligne Paul Krugman. En annonçant l’avènement d’un « capitalisme patrimonial », ce livre « va changer la façon dont nous pensons notre société et l’économie ». Les conclusions sont en effet audacieuses. La redistribution des revenus irait désormais des salariés vers les détenteurs du capital, une tendance qui devrait s’accélérer, si rien n’est fait. La croissance (g) devrait en effet rester amorphe alors que le capital (r) se montrera plus performant, comme il a eu tendance à le faire historiquement. Une formule résume cette réalité. La synthèse qu’il opère force l’admiration, estime Paul Krugman. Cependant, « un tour de passe-passe fait sans duperie, ni malhonnêteté » entache « légèrement » la réussite de l’économiste français. La puissance du 1% des Américains les plus riches a cru pour des raisons que Thomas Piketty ne peut pas expliquer avec les outils développés. Les très hauts salaires sont après tout d’une « radicale nouveauté ». Bien que Paul Krugman y voit un manque de rigueur, il refuse de se montrer trop dur, tant il reste convaincu de la qualité, voire de l' »élégance » de ce livre. James Kenneth Galbraith, économiste keynésien, se montre lui franchement critique dans un article paru dans la revue Dissent. Ses propres travaux sur les inégalités, s’appuyant sur des données historiques et récentes, l’amènent à contester les prétentions de Thomas Piketty d’être « l’unique héritier de Simon Kuznets, le grand penseur des inégalités du milieu du siècle dernier » et que seule l’étude des registres fiscaux permet d’apprécier ce phénomène. « Ce qui est faux, martèle James Kenneth Galbraith. En vingt ans de recherche, l’auteur de ces lignes s’est intéressé aux registres des salaires pour mesurer l’évolution des inégalités. Un article publié en 1999 avec Thomas Ferguson arrive aux mêmes conclusions que Thomas Piketty. » Il lui reproche surtout de ne pas bien définir le terme de capital. Le professeur à l’Ecole d’économie de Paris ne distinguerait pas les revenus du capital productif et ceux générés par des actifs financiers. James Kenneth Galbraith estime en effet que l’ennemi, c’est la finance, et ne voit pas comment on peut développer une théorie de la croissance, le projet de Thomas Piketty, à partir de données qui n’ont rien à voir avec le capital productif, nécessaires pour faire tourner la machine.

Uncategorized @ 11 mai 2015, Commentaires fermés sur Quand on traite les migrants de « cafards »

Un éditorial du journal britannique The Sun, traitant les migrants de «cafards» a suscité une vive réaction à l’ONU à Genève, où le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a exhorté Londres de tout faire pour «juguler l’incitation à la haine par les tabloïds britanniques». «Dans un langage très similaire à celui employé par le journal Kangura et la Radio des Mille Collines au Rwanda au cours de la période précédant le génocide de 1994, l’éditorialiste du Sun (Katie Hopkins, NDLR), déclare: « Ne vous trompez pas. Ces migrants sont comme des coquerelles »», a dénoncé le Haut-Commissariat. Le Haut-Commissaire, Zeid Ra’ad Al Hussein, a notamment demandé à tous les pays européens d’adopter «une ligne plus ferme sur le racisme et la xénophobie» qui selon lui «sont autorisés, sous le couvert de la liberté d’expression, à alimenter un cercle vicieux de diffamation, d’intolérance et de politisation des migrants et des minorités européennes marginalisées tels que les Roms». L’article publié le 17 avril par le Sun débute par ces mots: «Montrez-moi des images de cercueils, montrez-moi des corps flottants dans l’eau, faites jouer les violons et montrez-moi des gens maigres qui semblent tristes. Je n’en ai toujours rien à faire». L’éditorialiste du tabloïd plaide aussi pour l’utilisation de canons pour stopper les migrants, déclarant que «faire quelques trous au fond de tout ce qui peut ressembler à un bateau serait également une bonne idée». Lundi dernier, une ONG britannique, the Society of Black Lawyers, a dénoncé le Sun à la police britannique et demandé une enquête pour déterminer si cet article pourrait constituer une incitation à la haine raciale, au regard de la loi sur l’ordre public de 1986. «Les attaques verbales sournoises contre les migrants et les demandeurs d’asile par les tabloïds britanniques se poursuivent depuis trop longtemps, sans être contestées d’un point de vue légal. Je suis un défenseur inflexible de la liberté d’expression, qui est garantie par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), mais cette liberté n’est pas absolue», a encore déclaré M. Zeid. Ce genre d’écrits, basé sur la haine, l’antisémitisme et le racisme ont été «utilisés par les médias nazis dans les années 30, a-t-il ajouté. Plus globalement, M. Zeid a estimé que cela fait des années que les tabloïds britanniques publient des articles contre les étrangers. «Beaucoup de ces histoires ont été grossièrement déformées et certaines relèvent de l’affabulation pure et simple», a-t-il ajouté en dénonçant ce processus «de diabolisation». «L’histoire nous a montré, encore et encore, les dangers de la diabolisation des étrangers et des minorités, et il est vraiment extraordinaire et profondément scandaleux de voir ce type de tactique être utilisé dans toutes sortes de pays, simplement parce que le racisme et la xénophobie sont si faciles à éveiller pour gagner des voix ou vendre des journaux», a-t-il conclu.