Uncategorized @ 15 février 2017, Commentaires fermés sur La Russie et la guerre de l’information

À l’occasion de l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation du Donbass, la Russie a donné l’impression d’avoir passé un cap en matière de guerre de l’information. L’art de la désinformation ne date pas d’hier, néanmoins le développement sans précédent d’Internet et des réseaux sociaux a mis en lumière une tradition de la manipulation spécifiquement russe, liée à l’irresponsabilité traditionnelle de l’État et à l’omniprésence des services secrets. L’Internet russe étant de plus lourdement contrôlé, il s’agit d’une forme de conflit asymétrique, contre laquelle les démocraties doivent apprendre à mieux se défendre. À l’époque contemporaine, il est frappant de constater que la guerre de l’information apparaît dès l’émergence de l’opinion publique comme force politique, avec les mensonges de la propagande de Frédéric II pendant la guerre de sept ans, qui rencontrent un large écho dans une société française affectée d’une humeur frondeuse [2]. Plus près de nous, en 1939, l’incident de Gleiwitz, au cours duquel un commando de SS déguisés en insurgés polonais prit le contrôle d’une tour de radiodiffusion allemande, servit de prétexte à Hitler pour déclencher la Seconde Guerre mondiale en Europe. Et il est à craindre, ce qui n’est pas à l’honneur d’une grande démocratie comme les États-Unis, que les clichés présentés à l’ONU par Colin Powell pour démontrer l’existence d’armes de destruction massive en Irak et justifier la « guerre de choix » de George W. Bush ne relèvent de la même catégorie d’acte hostile. Comme on le voit, du point de vue des techniques de combat, rien de nouveau sous le soleil. En fait, l’impression communément ressentie du franchissement d’un seuil en matière de guerre de l’information lors de la guerre russo-ukrainienne s’explique par au moins deux facteurs : d’abord, par l’exceptionnelle ampleur de la caisse de résonance fournie par Internet et par les réseaux sociaux, dont l’expansion à grande échelle est récente ; ensuite, comme nous allons le montrer maintenant, par la résurgence d’une tradition spécifiquement russe de désinformation, indissociable de la place de l’État dans la société. Comme nous l’avons mentionné en introduction, l’un des éléments les plus caractéristiques de la filiation entre l’Empire et l’URSS est le développement de l’État policier : il semble bien [3] que Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, soit à l’origine du premier organe connu de police politique au sens moderne du terme, dans un contexte où surveillance mutuelle et dénonciation institutionnelles sont déjà de règle depuis longtemps. Une autre caractéristique originale de l’État russe est sa tradition du secret ; de fait, il reste aujourd’hui difficile de déterminer la date exacte de la création de l’organe mentionné ci-dessus, dans la mesure où l’administration ne s’estimait pas tenue de publier ses décisions. La continuité entre cette tradition autoritaire et policière et le totalitarisme à venir est matérialisée par la reprise mutatis mutandis, dans les codes criminels soviétiques de 1927 et 1960, de certaines clauses de leur ancêtre de 1845 : celles-ci stigmatisent, de manière d’ailleurs bien vague, ceux qui se risquent à « affaiblir et saper l’État, jeter le doute et sur lui et lui témoigner de l’irrespect », avant de détailler les peines, déjà fort lourdes, dont ils se rendent ainsi passibles. C’est ce qui permet à Richard Pipes d’écrire [4] que « les chapitres 3 et 4 du code criminel russe de 1845 sont au totalitarisme ce que la Grande charte [5] est à la liberté ». Le tournant du XXème siècle, avant même la révolution, est l’occasion d’assister à une expérience pré-totalitaire peu banale, qui nous ramène insensiblement vers notre sujet : avec Sergueï Zoubatov, chef de la section spéciale de l’Okhrana [6] entre 1902 et 1904, on sort en effet du cadre strictement défensif de l’État policier pour passer à des formes beaucoup plus sophistiquées de contrôle social. La création de toutes pièces de syndicats infiltrés par la police permet de capter les ouvriers plus préoccupés par les revendications sociales que par la révolution, et de faire pièce aux mouvements révolutionnaires. L’expérience de Zoubatov finit par être victime de son succès, du fait des entrepreneurs mécontents du soutien apporté par la police à ce mouvement syndical unique en son genre. On est effectivement sur le chemin du totalitarisme, dans la mesure où il s’agit bien d’une première tentative de l’État pour mettre la vie sociale sous contrôle grâce à l’infiltration des services de sécurité [7], lesquels élaborent ici pour la première fois un attrape-nigaud qui ne restera pas sans postérité. Opacité soigneusement cultivée, absence de responsabilité vis-à-vis du corps social, emprise de la police politique : tout ceci existait déjà en germe sous l’Empire, mais on ne peut pourtant pas parler à son sujet d’État totalitaire. En effet, le pouvoir était alors limité par un système juridique, certes peu enraciné, qu’il avait bien fallu développer pour intégrer le pays aux échanges internationaux, ainsi que par le souci de sa réputation sur la scène diplomatique ; par ailleurs, la possibilité de voyager à l’étranger, largement utilisée, limitait d’une autre façon le contrôle étatique sur la société. [8] La révolution fait table rase de tout ceci, ce qui permet aux bolcheviks d’édifier un système cette fois-ci authentiquement totalitaire. La mise en place de celui-ci n’est pas immédiate (elle s’étale de 1917 à 1930 et comporte de nombreux épisodes, dont en particulier la mise au pas de la paysannerie) ; cependant, il est établi que la création d’une police politique hors d’atteinte du pouvoir judiciaire remonte aux premières heures du nouveau régime [9] (ce qui, au passage, suffit à renvoyer au rayon des contes de fées les tentatives de minimiser la responsabilité de Lénine dans la création du totalitarisme soviétique). C’est ce contexte qui explique la part si importante du théâtre d’ombres orchestré par les organes de sécurité dans l’histoire soviétique – une pratique à laquelle l’absence de réelle démocratisation après la chute de l’URSS a permis de perdurer jusqu’à nos jours comme nous le verrons bientôt. Comme il ne peut être ici question de contrôle parlementaire, d’indépendance de la justice ou de liberté de la presse, les services ont très tôt toute latitude pour manipuler les forces sociales et organiser les mises en scène rendues nécessaires par la poursuite des objectifs politiques ou diplomatiques du Kremlin. L’exemple le plus classique nous est fourni par les procès de Moscou (1937 – 1938), où d’authentiques bolchéviks sont sacrifiés sous le coup des inculpations les plus fantaisistes. L’opération permet de fournir une explication par le sabotage aux innombrables ratés d’une modernisation chaotique, de régler des conflits de pouvoir réels ou potentiels dans les hautes sphères du Kremlin, et de renforcer la fidélité à Staline de la génération montante des apparatchiks. La période soviétique fournit ainsi des précédents d’une ressemblance troublante avec certains des évènements survenus lors du conflit russo-ukrainien : l’invasion de la Crimée par les « petits hommes verts » illustre cette continuité de manière emblématique, puisqu’elle reproduit à l’identique la technique utilisée en 1924 à Stolpce, ville alors polonaise que des agents du NKVD infiltrés avaient attaquée, déguisés en paysans biélorusses [10]. Il faut aussi mentionner à ce titre la manière utilisée par l’URSS stalinienne pour mettre la main sur la Pologne à l’issue du second conflit mondial [11] : l’opération s’étale sur plusieurs années, le temps que la solidarité entre alliés contre le nazisme se dissolve dans la Guerre froide, et que les Occidentaux mettent un mouchoir sur leur engagement en faveur du gouvernement polonais en exil à Londres. Cependant, dès 1944, la prise de contrôle de la vie politique par la police secrète est à l’œuvre, le ministère de l’intérieur du nouveau régime, ainsi que celui de la défense, étant placés d’emblée sous le contrôle des Soviétiques et de leurs comparses locaux. Après élimination des opposants et prise de contrôle des organisations sociales, il ne reste plus à la Pologne, que rien ne prédestinait à être communiste si ce n’est sa position géographique au voisinage de la Russie, qu’à devenir pour cinquante ans une « démocratie populaire ». À l’ère où l’information transite massivement par les étranges lucarnes et les écrans d’ordinateur, l’un des premiers exemples marquants de manipulation par les organes de sécurité paraît bien être le rôle qu’ils ont joué dans l’accession de Vladimir Poutine à la magistrature suprême. Nous sommes en août 1999. Un Boris Eltsine bien fatigué achève son second mandat présidentiel ; il n’a pas le droit de se représenter, et nomme ledit Poutine – alors un parfait inconnu pour le public russe – au poste de Premier ministre. La popularité de celui-ci va avoir l’occasion de croître avec les hostilités résultant du raid islamiste qui a lieu au Daghestan [13] en août et septembre. Finalement, les auteurs de celui-ci arrivent sans encombre à rejoindre la Tchétchénie voisine, ce qui peut laisser suspecter une manœuvre du GRU [14] pour mieux désigner cette dernière comme cible d’une reconquête et relancer la guerre. Mais c’est surtout avec la vague d’attentats meurtriers qui frappe la Russie en septembre que le nouveau venu va pouvoir se faire un nom et une image d’homme fort dans l’opinion publique russe ; c’est à ce moment qu’il déclare, à propos des supposés terroristes tchétchènes : « on ira les buter jusque dans les chiottes ».

Uncategorized @ 23 décembre 2016, Commentaires fermés sur Développement de la coopération international dans l’Espace

L’accord franco-allemand E-SGA/FSLGS/CPUD3 a depuis installé un échange de données entre Helios II et SAR-Lupe. Cette collaboration fonctionne depuis octobre 2010. Elle repose sur une demande d’image « à l’aveugle » : aucune des deux parties ne sait quelle image l’autre a demandée. OHB a également développé une petite plate-forme géostationnaire pour le satellite Hispasat AG1 dont le lancement sur le marché commercial est prévu fin 2012. Elle constituera une offre unique en Europe, du fait de sa taille réduite. Le plus important contrat, Galileo, porte sur la construction de quatorze satellites FOC. OHB est le fournisseur principal (prime contractor), Surrey Satellite Technology Ltd. (SSTL) est responsable de la charge utile. Signé début 2010, le contrat prévoit une première livraison à l’été 2012, avant le lancement de deux satellites par Soyouz. Par la suite, OHB devra livrer deux satellites par trimestre. Le programme est actuellement dans les temps ce qui est essentiel pour la crédibilité de la société. Meteosat fait l’objet d’un partenariat entre OHB, Kayser-Threde, et TAS. Malgré les efforts d’OHB en ce sens, aucune mutualisation n’a eu lieu entre les agences spatiales allemande et italienne pour la commande de satellites « hyperspectraux ». Gilles Maquet demande s’il existe des indices de la volonté allemande de coopérer avec la France dans le domaine spatial de sécurité et de défense, et s’il existe un moyen d’encourager ce type de collaboration dans les dix ou vingt années à venir. Alain Bories répond par l’affirmative : Mme. Fuchs n’hésitait d’ailleurs pas à déclarer que l’avance de la France dans le domaine de la politique des lanceurs était flagrante lors d’une audition de la mission dirigée par Yannick d’Escatha. La coopération OHB/TAS donne d’ailleurs entière satisfaction sur le projet Meteosat. Peu de gouvernements se sont néanmoins investis pour faciliter ces coopérations, alors même que leur rôle est un facteur clef de succès en matière de projet transnational. Il est vrai que des divergences politiques sur des sujets annexes (politique monétaire, affaires étrangères…) installent en ce moment une atmosphère peu propice au rapprochement entre l’Allemagne et la France. Alain Bories considère néanmoins que les positions du gouvernement allemand, en faveur du principe du retour géographique et ses critiques de la gestion des projets spatiaux par la Commission européenne, ne font que traduire la crainte d’avoir des difficultés à défendre la participation budgétaire de l’Allemagne à l’ESA à sa hauteur actuelle si la Commission s’engageait dans des programmes spatiaux. Le ministère des Finances considérerait, somme toute, qu’il s’agit des mêmes ressources. Toutefois l’appréhension de ne pas bénéficier, dans le cas de programmes conduis par la Commission, d’un retour géographique, à l’égal de celui existant à l’ESA, lui semble peu réaliste, car les entreprises allemandes sont compétitives. Source: Simulateur de vol.

Uncategorized @ 25 novembre 2016, Commentaires fermés sur L’opposant numéro 1?

Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, Philippe Martinez est devenu l’opposant numéro un du gouvernement. On l’a vu place de la République haranguant les Nuit debout, vociférant en tête des cortèges, jetant des pneus dans le feu aux côtés des piquets de grève et menaçant sur tous les plateaux de télévision. Impossible de le rater. Le numéro un de la CGT ressemble à un dessin de Cabu : épaisse moustache noire que l’on dirait postiche, regard sombre, sourcils en broussaille et mèches mal ordonnées, la tête de l’emploi du gars qui veut en découdre. Sa détermination est totale : Martinez veut que Valls retire l’article 2 de la loi El Khomri qui renforce la négociation d’entreprise par le biais d’accords majoritaires. Une atteinte, selon lui, à la CGT, mieux représentée dans les accords de branches. Une lutte pour le pouvoir. Pour obtenir gain de cause, il abat toutes ses cartes : manifs, blocages des raffineries (il suffit d’une petite minorité), grèves dans les transports, arrêts des centrales nucléaires. Les journaux qui ont refusé de passer pleine page son communiqué ont été punis. La Filpac CGT qui tient les imprimeries les a empêchés de paraître. Seule l’Humanité était en kiosques. Vive la démocratie ! La colère de la CGT menace nos libertés d’aller, de venir, de travailler, de s’exprimer. Un pouvoir totalitaire. Sans compter l’affiche sur les violences policières mal venue et mal pensée. La totale ! Comment expliquer que, depuis son arrivée en 2015, la CGT ait adopté une ligne aussi dure ? Au congrès de Marseille qui l’a élu, le discours radical l’ayant emporté sur les modérés, il ne les a pas contrés. Pour être leur chef, il les suit. Tout le contraire de Bernard Thibaut qui, à Toulouse trois ans plus tôt, avait tenté de les faire taire : « Ce ne sont pas les décibels qui font la majorité. » Adopter une ligne dure permet aussi de réunir les militants derrière leur plus petit dénominateur commun : la lutte contre le Medef et le supposé libéralisme. L’enjeu est crucial : il faut regagner des parts de marché. Depuis quelques années, la CGT perd du terrain dans ses bastions et pourrait être détrônée par la CFDT. Alors, Martinez met le paquet. En 2010, Bernard Thibaut ne soutenait pas la grève dans les raffineries, la CGT chimie-pétrole en avait bloqué dix. En 2016, Martinez, lui, encourage les grévistes. En 2010, Charles Foulard, coordinateur CGT, voulait « virer Sarko ». Aujourd’hui, Martinez veut faire plier Valls. « J’irai jusqu’au bout », a rétorqué le premier ministre. Valls-Martinez, c’est le duel de deux pouvoirs affaiblis, qui jouent leur va-tout dos au mur. C’est le Catalan contre le Castillan. Qui va y laisser le plus de plumes ? 67 % des Français ont une mauvaise opinion de Martinez. Il faut savoir terminer une grève.

Uncategorized @ 25 novembre 2016, Commentaires fermés sur Imposture syndicale

Bon, résumons : aujourd’hui, la droite de la droite française ne tient plus un discours raciste et antisémite, elle ne fait plus de la peine capitale une question de vie ou de mort, elle déteste la censure, elle croit au suffrage universel, et ses factions ne se commettent plus dans la rue. Bref, la droite dure et contemporaine peut se résumer par le désir extrême d’exiger l’application stricte des lois républicaines en matière de sûreté comme d’immigration. On est loin du fascisme qui lui est prêté obsessionnellement par les “antifascistes et antiracistes” de l’extrême gauche morale. De son côté, cette gauche “antifasciste” se caractérise aujourd’hui par un goût immodéré pour la violence urbaine et un mépris suprême pour la souveraineté des urnes ou le respect des lois de la République. C’est elle qui dresse la liste des malpensants à exclure du débat démocratique. C’est elle encore qui empêche les journaux de paraître lorsqu’ils ne veulent pas se coucher. C’est elle enfin qui aujourd’hui tolère et entretient le racisme antijuif, anti-Blanc ou antichrétien. Bref, plus besoin à présent de décodeur sophistiqué : les antifascistes autoproclamés sont des fascistes démasqués. Le problème c’est que, depuis que l’imposture syndicale ou politique est apparue aux yeux du plus grand nombre, depuis que leur imposture morale est connue, l’imposteur a perdu de sa superbe. Et, lorsque le masque tombe, apparaît un visage grimaçant, et notre démasqué en devient plus méchant.

Uncategorized @ 21 septembre 2016, Commentaires fermés sur La force du lobby

Récemment, j’ai suivi un congrès très intéressant à Londres, la capitale britannique. Il y a notamment été question, entre deux séances de travail, du problème que représentent les lobbies. Un intervenant a en effet voulu démontrer comment les groupes de pression réussissent à devancer l’intérêt général. Son propos faisait clairement écho à mon propre point de vue sur le sujet. Les lobbies sont pour moi une catastrophe et l’une des grande sources de dysfonctionnement de notre société. Et ce pour une raison simple : ils ne représentent qu’eux-mêmes et non pas l’ensemble de la société. Durant leurs discussions avec le gouvernement, ils bataillent en effet pour les intérêts qui les arrangent, et ce au grand dam de ceux du reste de la société. Et ils influencent souvent de façon excessive les politiciens. Un groupe bien organisé obtient en effet plus d’attention de la part des médias, et par conséquent, des politiques. Et ces groupes d’intérêt sont de toutes sortes : que ce soit les banques ou les cheminots, chaque secteur d’activité est en soi un lobby désireux de tirer la couverture à soi, et peu importe si c’est au détriment du peuple. Tous ces groupes n’hésitent pas à prendre d’assaut les médias sur telle ou telle question où ils ont quelque chose à perdre ou des miettes à gagner. Le problème,c’est qu’un groupe peu organisé obtient logiquement moins d’attention de la part des médias sur ces mêmes questions. Et le contribuable appartient à cette deuxième catégorie de groupe. Du coup, chaque groupe d’intérêt réussit assez facilement à obtenir gain de cause, quand le citoyen est généralement passé à l’as. Pire encore, les mesures adoptées en faveur de ces groupes sont au final payés… par le contribuable. Cette trop grande efficacité des uns et cette incapacité à se faire entendre des autres aboutit au final à une pléthore de mesures préférentielles et de statuts d’exception qui astreignent le contribuable à débourser plus pour chaque groupe qui a réussi à imposer des mesures anti-concurrentielles en sa faveur. Pour finir sur une note plus légère, ce congrès à Londres m’a réellement conquis, en particulier pour son organisation aux petits oignons. Si la thématique vous intéresse, vous pourrez vous inscrire au prochain événement en suivant ce lien : http://www.seminaireslondres.com

Uncategorized @ 12 juillet 2016, Commentaires fermés sur Détecter les comportements suspects

La SNCF expérimente des nouvelles technologies pour détecter les comportements ou les bagages suspects, a t-elle expliqué mercredi à l’AFP, tout en appelant à confier de nouvelles prérogatives à ses agents de sécurité, comme le prévoit une proposition de loi en débat à l’Assemblée. Face au « caractère exceptionnel » de la menace terroriste après les attentats de Paris, la SNCF teste par exemple un logiciel d’analyse comportementale qui pourrait être intégré à ses 40 000 caméras de surveillance, a détaillé le secrétaire général de l’entreprise publique Stéphane Volant. Il est fondé « sur le changement de température corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé de gestes qui peuvent montrer une certaine anxiété », a-t-il décrit. Le dirigeant souligne que l’expérimentation en cours dans plusieurs gares est réalisée « en conformité avec la loi et sous le contrôle de la Commission nationale de l’information et des libertés (CNIL) ». « On teste pour savoir si ça n’identifie que les gens qui ont une intention négative, un agresseur, ou un “tripoteur”, mais aussi l’acceptabilité sociale », pour voir si les voyageurs sont prêts à accepter de telles technologies, une fois l’état d’urgence levé. Des caméras qui détectent des colis suspects car restés trop longtemps au sol sont aussi en cours d’expérimentation. La SNCF s’interroge également sur la possibilité d’équiper ses agents de caméras portatives.

Uncategorized @ 12 juillet 2016, Commentaires fermés sur L’inspiration espagnole

Cette inspiration que la droite française pourrait aller chercher en Espagne : Ciudadanos, le parti qui double les partis traditionnels et plombe Podemos. Comment expliquer que Ciudadanos apparaisse comme plus crédible que Podemos pour « bouleverser » la vie politique espagnole ? A quels besoins de la part des électeurs répond-il ? Le dernier sondage publié il y a quelques jours par El País place désormais les deux formations au coude-à-coude. C’est que l’opinion reste très volatile. Elle a pu être échaudée par ce que certains appellent la capitulation de Syriza face aux différents acteurs de la Troïka. En janvier, justement, c’est après la victoire de Syriza que les Espagnols ont porté Podemos au zénith des enquêtes d’opinion… Depuis, quelques revirements programmatiques ont aussi pu être reprochés vis-à-vis du parti de Pablo Iglesias. Ce dernier ne parle plus de nationaliser des secteurs clés de l’économie, ou d’un audit de la dette espagnole plutôt que d’une annulation unilatérale. L’objectif de Pablo Iglesias, comme il l’a dit récemment, est bien sûr de donner des « garanties » de bonne gouvernance au pays. C’est ce qu’il fait, dans le domaine institutionnel, en reconnaissant que la remise en cause de la monarchie, redevenue populaire avec Felipe VI, n’est pas pour demain. Les seuls changements constitutionnels demandés ne touchent qu’à l’inscription de nouveaux droits sociaux dans le texte fondamental. Ciudadanos a habilement joué sur les craintes que pouvait inspirer le projet de Podemos. Il participe, lui aussi, au renouvellement d’une classe politique jugée corrompue et responsable du chômage (qui touche encore 23 % de la population active), tout en rassurant ceux qui voient déjà comme un pas dans le bon sens les résultats honorables du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy en matière de politique macro-économique. Ciudadanos, disent les Espagnols, c’est le Podemos de droite ! Comment définir l’identité de ce parti ? Quels en sont les fondements idéologiques, le projet, et par quel mode d’action souhaitent-ils le mettre en place ? Alberto Rivera, le leader de Ciudadanos, a donc contraint le parti de Pablo Iglesias à renoncer à son rêve d’hégémonie culturelle sur les classes moyennes paupérisées par la crise. Dans sa profession de foi, Ciudadanos affirme allier « libéralisme progressiste et socialisme démocratique ». Il est une « droite très française », affirmait récemment une revue de l’ultra-gauche. Il me semble que c’est vrai. En matière économique, le programme est franchement d’inspiration libérale. Un seul exemple peut suffire à s’en convaincre. En matière de droit du travail, Ciudadanos défend le contrat de travail unique. Ce qui fait d’ailleurs bondir les syndidats, qu’Albero Rivera a justement critiqué, le 1er mai dernier, pour se montrer présents dans les débats politiques. Idéologiquement, Ciudadanos peut aussi se définir comme un populisme. Il est apparu en Catalogne, en 2006, pour contrer la dérive indépendantiste des partis régionaux de gauche et de droite. Et bien-sûr pour y représenter, comme dans le reste de l’Espagne, une alternative à la corruption. Pour ce qui est de son projet national, sa défense de l’unité de l’Espagne est une constante. Ce qui lui permet de capitaliser de nombreuses sympathies. Les électeurs de gauche peuvent lui être gré de s’opposer un « droit à décider » des Catalans que Podemos promeut. Ceux de droite peuvent se retrouver dans son volontarisme légaliste. Ciudadanos recrute ses électeurs au sein des classes d’âges plus élevées que celles attirées par Podemos. Dans une Espagne plutôt vieillissante, cela en fait paradoxalement aussi un parti d’avenir.

Uncategorized @ 22 février 2016, Commentaires fermés sur El Tajín, un site mexicain à découvrir d’urgence

Il y a peu, j’ai fait un voyage de groupe avec mon comité d’entreprise au Mexique. Alors évidemment, nous avons eu droit à toute la panoplie de classiques : tacos, nachos, desperados, sombreros et tutti quanti. Si les nuits étaient consacrées à la fête, les journées étaient consacrées aux visites. Nous avons pu découvrir certains trésors archéologiques du pays. Si vous pensez certainement immédiatement à la civilisation inca, j’aimerais vous parler ici d’une civilisation plus ancienne et moins connue que j’ai découverte en visitant El Tajín. Ce site est en effet le plus important témoignage de la civilisation totonaque. Il a été baptisé El Tajín en l’honneur du dieu totonaque du tonnerre, de la foudre et de la pluie. Il se situe dans l’Etat de Veracruz, qui s’étend le long du centre de la côte atlantique mexicaine. La petite ville de Papantla, aux environs de laquelle se trouvent les vestiges de l’ancienne cité d’El Tajín, est située au milieu de cet État. Seule une petite partie du site a été fouillée et les portions mises au jour sont hélas souvent victimes des pilleurs. Mais c’est tout de même l’une des découvertes archéologiques précolombiennes les plus fascinantes qui soient, où l’on trouve plusieurs édifices monumentaux et inhabituels. À l’origine capitale des Totonaques, El Tajín était à son apogée, entre 800 et 1150. Elle commença ensuite à décliner et finit par être mise à sac et incendiée au début du XIIIe siècle par les Chichimèques, des Indiens guerriers et nomades. Une petite population demeura, mais la ville avait été complètement abandonnée quand les Espagnols arrivèrent au XVIe siècle. Si tout le site est fascinant à visiter, la pyramide des Niches reste l’édifice le plus impressionnant du site. Ce bâtiment cérémoniel, à l’origine coiffé d’un petit temple, est en fait une pyramide escarpée dont les six niveaux forment 365 niches. C’est un chef-d’œuvre d’architecture précolombienne qui montre bien l’importance astronomique et symbolique du site. La cité était apparemment célèbre pour ses jeux de balle et comporte 17 terrains de jeu. Les indices que détient El Tajín au sujet des anciennes cultures du Mexique sont inestimables. Arpenter ses rues où l’histoire est omniprésente s‘avère une expérience émouvante qui provoque de légers frissons. Si vous avez l’occasion de vous y rendre un jour, n’hésitez pas une seule seconde. D’ailleurs, je vous mets le lien vers l’agence de voyage de groupe par laquelle ma femme et moi sommes passés. Il ne reste plus qu’à faire vos bagages. Direction El Tajín ! Je vous laisse le lien vers cette agence qui organisa ce voyage de groupe pour comité d’entreprise – ils sont très bons.

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Uncategorized @ 22 février 2016, Commentaires fermés sur Du bonheur de philosopher

Si je m’applique à rassembler les conditions a l’aide desquelles, dans le cas le plus heureux, un philosophe de naissance échappe au danger d’être écrasé par les travers des esprits actuels que je viens de décrire, j’en arrive à faire une remarque singulière. Ces conditions sont précisément en partie celles qui, d’une façon générale, accompagnèrent le développement de Schopenhauer. A vrai dire, il fut aussi soumis à des conditions opposées. Sa mère, vaniteuse et bel esprit, lui fit approcher de près et d’une façon terrible ce travers de l’époque. Mais le caractère fier et librement républicain de son père le sauva en quelque sorte de sa mère et lui procura ce dont un philosophe a besoin en premier lieu: une virilité inflexible et rude. Ce père n’était ni fonctionnaire ni savant. Il fit souvent avec le jeune homme des voyages dans des pays étrangers. Autant d’avantages pour celui qui doit apprendre à connaître, non point des livres, mais des hommes, à vénérer, non point des gouvernements, mais la vérité. Il apprit à temps à ne pas être assez ou trop sensible à l’étroitesse nationale. En Angleterre, en France, en Italie, il ne vivait pas autrement que dans sa propre patrie et l’esprit espagnol lui inspirait une vive sympathie. En somme, il ne considérait pas que c’est un honneur d’être né parmi les Allemands et je ne crois pas que les nouvelles conditions politiques eussent modifié son opinion. Il estimait, comme on sait, que l’unique tâche de l’Etat consiste à offrir la protection au dehors, la protection à l’intérieur et la protection contre les protecteurs, et que, lorsque l’on imagine pour l’Etat d’autres buts que ceux de protéger, ce but véritable peut facilement se trouver compromis. C’est pourquoi, au grand scandale de ceux qui se nomment libéraux, il légua sa fortune aux descendants de ces soldats prussiens qui, en 1848, étaient tombés dans la lutte pour l’ordre. Il est probable que, dorénavant, le fait que quelqu’un considère simplement l’Etat et les devoirs de celui-ci, constituera de plus en plus une preuve de supériorité intellectuelle. Celui qui a en lui le furor philosophicus n’aura même plus le temps, de s’adonner au furor politicus et il se gardera sagement de lire tous les jours des journaux, ou encore de se mettre au service d’un parti. Quand la patrie est véritablement en danger, il ne faudra néanmoins pas hésiter un instant à faire son devoir. Tous les Etats sont mal organisés, quand ce ne sont pas exclusivement les hommes d’Etat qui s’occupent de politique et la pléthore des politiciens mérite de faire périr ces Etats.

Uncategorized @ 22 février 2016, Commentaires fermés sur Viols de masse au Sud Soudan

Emmenée de force dans un camp militaire, l’une a été attachée et violée durant deux mois. Une autre a été kidnappée par des soldats et violée cinq nuits d’affilée: l’enlèvement systématique de femmes et de filles, transformées en esclaves sexuelles est une nouvelle facette terrifiante de la guerre au Soudan du Sud. Des dizaines de témoignages recueillis par un journaliste de l’AFP dans l’État septentrional reculé d’Unité, un des principaux champs de bataille du conflit qui ravage le pays depuis plus de 21 mois, mettent en lumière une pratique récurrente, jusqu’ici dans l’ombre, d’enlèvements de femmes, emmenées et attachées dans les campements des forces progouvernementales, où elles sont réduites en esclavage et régulièrement violées. Nyabena, 30 ans et mère de cinq enfants, a été capturée par des soldats qui ont attaqué en avril son village du comté de Rubkona. Les garçons et les hommes ont été abattus. Les maisons pillées et incendiées. Les filles et les femmes rassemblées et emmenées, à pied, avec celles d’un village voisin, vers le comté de Mayom. La zone est le fief du général Matthew Puljang, chef d’une milice ethnique Bul Nuer, alliée à l’armée sud-soudanaise loyale au président Salva Kiir, qui affronte depuis décembre 2013 les forces rebelles menées par l’ancien vice-président Riek Machar. Durant la journée, Nyabena est mise au travail, sous surveillance, portant biens et nourriture pillés, allant chercher de l’eau ou sarclant les potagers des soldats. La nuit, elle est attachée aux autres femmes, à la disposition des miliciens. «Quand un soldat voulait avoir des rapports sexuels, il venait, nous détachait et nous emmenait. Quand il avait fini, il vous ramenait et vous rattachait», raconte-t-elle, ramenant ses coudes derrière le dos pour montrer la façon dont elle était liée. Celles refusant de travailler ou se défendant contre leur violeur disparaissaient. «Le matin, on découvrait qu’elles n’étaient plus là», raconte Nyabena, estimant que dix de la quarantaine de femmes de son groupe se sont ainsi volatilisées. Un expert militaire estime que des milliers de femmes ont été enlevées durant l’offensive, menée dans l’État d’Unité entre avril et juillet par l’armée sud-soudanaise et la milice du général Puljang, qualifiée par des enquêteurs de l’ONU de «politique de terre brûlée». Ces sévices viennent allonger la déjà très longue liste d’atrocités à grande échelle dont se sont rendus coupables les deux camps qui s’affrontent depuis 2013 au Soudan du Sud, né 29 mois plus tôt sur les décombres de décennies de guerres d’indépendance, ayant pris fin en 2005 et qui n’aura connu que de brèves années de paix. Les combats et les pluies limitent considérablement l’accès à certaines zones du pays, dont l’État d’Unité qualifié par des humanitaires de «trou noir en terme d’informations». «Personne ne sait ce qui se passe dans le comté de Mayom», où nombre des victimes interrogées par l’AFP ont été emmenées, explique un enquêteur d’une organisation humanitaire, chargé de rassembler des données sur les violations des droits de l’homme. «Dans tous les comtés du sud d’Unité, c’est la même chose: les femmes qui parviennent à fuir (lors des offensives) ont de la chance. Les autres sont enlevées et violées, ou tuées», ajoute-t-il, «l’enlèvement des femmes semble être systématique», elles peuvent rester prisonnières «une journée, ou plus, ou pour toujours». Nyamai, 38 ans et mère de cinq enfants, enlevée dans le comté de Koch, a passé la plupart du temps attachée. Dix soldats faisaient parfois la queue la nuit pour abuser d’elle. Quand elle les a implorés «qu’un seul s’occupe d’elle», elle a été battue. Nyatuach, elle, n’a plus de nouvelles de deux de ses trois filles adolescentes, depuis leur enlèvement lors de l’attaque de leur village. Mais elle sait tout de leur calvaire, depuis que la troisième, 17 ans, est revenue avec trois de ses nièces, toutes «très malades et très maigres». Elles «étaient faibles et, tellement d’hommes ayant eu des rapports avec elles, des fluides s’écoulaient de leurs corps», explique Nyatuach, décrivant une incontinence provoquée par une fistule obstétrique – une déchire de la paroi entre le vagin et la vessie ou le rectum -, conséquence possible de viols particulièrement violents. «Quand les filles sont « cassées », ils s’en débarrassent», ajoute Nyatuach, pour expliquer que celles qui ne peuvent plus en supporter plus sont libérées ou tuées. Rebecca a retrouvé sa fille de 12 ans au lendemain de l’attaque de leur village du comté de Koch. «Ces gens se sont servis de moi», a raconté la fillette à sa mère. Rebecca a fait bouillir de l’eau et a lavé sa fille avec des linges chauds. «On n’y peut rien», lui a-t-elle expliqué, «c’est comme ça».