# Les syndicats ont trop de pouvoir

Uncategorized @ 13 mars 2017

De l’élaboration d’une partie du droit du travail à la gestion de pans entiers de notre protection sociale, syndicats et patronat disposent de larges prérogatives en France. Bien trop larges pour certains, au regard des blocages du système. Entre la n°2 de la CFDT et un ancien du Medef, aujourd’hui très critique, le désaccord est total. Véronique Descacq. Ancienne directrice d’agence dans la banque, Véronique Descacq a gravi tous les échelons de la CFDT, pour en devenir aujourd’hui secrétaire générale adjointe. Aux côtés de son patron, Laurent Berger, cette bosseuse pilote les dossiers les plus complexes, de l’assurance-chômage à la protection sociale. Jean-Charles Simon. Après une carrière dans l’univers patronal comme conseiller du président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), puis directeur de l’Association française des entreprises privées (Afep) et enfin directeur général délégué du Medef, Jean-Charles Simon a créé Stacian (ex Facta Group). Il vient de publier, pour l’Institut de l’entreprise, un rapport très critique sur le paritarisme. Le rôle des organisations syndicales et patronales dans la construction du droit du travail et la gestion de la protection sociale fait l’objet de vives critiques, notamment de l’opposition. Sont-elles méritées?  Jean-Charles Simon. Le paritarisme est une composante essentielle de notre système social. Les partenaires sociaux français disposent de prérogatives considérables: ils élaborent une large part du droit social, ils gèrent seuls plus de 130 milliards d’euros de budget, avec notamment l’assurance-chômage et les retraites complémentaires. Ils sont derrière de nombreux organismes – instituts de prévoyance, offices HLM, structures de formation – et participent au système judiciaire, à travers les prud’hommes ou les tribunaux de commerce.  C’est un modèle unique en son genre, que l’on ne retrouve, dans cette ampleur, chez aucun de nos voisins. Syndicats et patronat sont donc comptables des failles et des difficultés de financement et d’adaptation de notre modèle social. Sur le droit du travail, par exemple, comment imaginer qu’ils puissent être une force réformatrice? Il y a forcément des négociations, des concessions. Ils ne peuvent aboutir à autre chose qu’au plus petit dénominateur commun.  Véronique Descacq. Mais c’est tout le contraire! La négociation et le dialogue social permettent d’avancer. Tout ce qui a été accompli depuis 2008 le prouve. Nous avons mis en place la rupture conventionnelle et réformé la mesure de représentativité des syndicats. Il y a aussi eu la sécurisation des parcours professionnels avec les accords de maintien dans l’emploi ou encore la complémentaire santé pour tous les salariés.  Sans oublier la refonte de la formation professionnelle, avec la réorientation des fonds vers les publics qui en ont le plus besoin. On ne réalise pas suffisamment l’ampleur de ces changements. Entre ceux qui considèrent que nous sommes allés trop loin et ceux pour qui nous n’avons rien fait, je crois que la vérité est que nous avons transformé le pays, sans drame social.  J.-C.S. Je comprends que vous soyez satisfaite car finalement, depuis vingt ans, la CFDT a su dérouler son agenda politique, en imposant sa vision comme le point d’équilibre entre le camp patronal d’un côté et la CGT et FO de l’autre. Mais les réformes que vous vantez sont microscopiques par rapport à ce dont la France a besoin.   La rupture conventionnelle? Elle a surtout permis à des salariés de bénéficier d’indemnités chômage là où ils auraient auparavant démissionné. La réforme de la représentativité? Au final, ce sont toujours les cinq mêmes organisations qui sont considérées comme représentatives, il n’y a eu aucun effet sur l’émiettement syndical. Celle de la formation professionnelle? Elle est purement cosmétique. A la vérité, la seule réforme véritablement structurante ces dernières années a été la réduction du temps de travail, menée par l’Etat.  De l’élaboration d’une partie du droit du travail à la gestion de pans entiers de notre protection sociale, syndicats et patronat disposent de larges prérogatives en France. Bien trop larges pour certains, au regard des blocages du système. Entre la n°2 de la CFDT et un ancien du Medef, aujourd’hui très critique, le désaccord est total. Véronique Descacq. Ancienne directrice d’agence dans la banque, Véronique Descacq a gravi tous les échelons de la CFDT, pour en devenir aujourd’hui secrétaire générale adjointe. Aux côtés de son patron, Laurent Berger, cette bosseuse pilote les dossiers les plus complexes, de l’assurance-chômage à la protection sociale. Jean-Charles Simon. Après une carrière dans l’univers patronal comme conseiller du président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), puis directeur de l’Association française des entreprises privées (Afep) et enfin directeur général délégué du Medef, Jean-Charles Simon a créé Stacian (ex Facta Group). Il vient de publier, pour l’Institut de l’entreprise, un rapport très critique sur le paritarisme. Le rôle des organisations syndicales et patronales dans la construction du droit du travail et la gestion de la protection sociale fait l’objet de vives critiques, notamment de l’opposition. Sont-elles méritées?  Jean-Charles Simon. Le paritarisme est une composante essentielle de notre système social. Les partenaires sociaux français disposent de prérogatives considérables: ils élaborent une large part du droit social, ils gèrent seuls plus de 130 milliards d’euros de budget, avec notamment l’assurance-chômage et les retraites complémentaires. Ils sont derrière de nombreux organismes – instituts de prévoyance, offices HLM, structures de formation – et participent au système judiciaire, à travers les prud’hommes ou les tribunaux de commerce.  C’est un modèle unique en son genre, que l’on ne retrouve, dans cette ampleur, chez aucun de nos voisins. Syndicats et patronat sont donc comptables des failles et des difficultés de financement et d’adaptation de notre modèle social. Sur le droit du travail, par exemple, comment imaginer qu’ils puissent être une force réformatrice? Il y a forcément des négociations, des concessions. Ils ne peuvent aboutir à autre chose qu’au plus petit dénominateur commun.  Véronique Descacq. Mais c’est tout le contraire! La négociation et le dialogue social permettent d’avancer. Tout ce qui a été accompli depuis 2008 le prouve. Nous avons mis en place la rupture conventionnelle et réformé la mesure de représentativité des syndicats. Il y a aussi eu la sécurisation des parcours professionnels avec les accords de maintien dans l’emploi ou encore la complémentaire santé pour tous les salariés.  Sans oublier la refonte de la formation professionnelle, avec la réorientation des fonds vers les publics qui en ont le plus besoin. On ne réalise pas suffisamment l’ampleur de ces changements. Entre ceux qui considèrent que nous sommes allés trop loin et ceux pour qui nous n’avons rien fait, je crois que la vérité est que nous avons transformé le pays, sans drame social.  J.-C.S. Je comprends que vous soyez satisfaite car finalement, depuis vingt ans, la CFDT a su dérouler son agenda politique, en imposant sa vision comme le point d’équilibre entre le camp patronal d’un côté et la CGT et FO de l’autre. Mais les réformes que vous vantez sont microscopiques par rapport à ce dont la France a besoin.   La rupture conventionnelle? Elle a surtout permis à des salariés de bénéficier d’indemnités chômage là où ils auraient auparavant démissionné. La réforme de la représentativité? Au final, ce sont toujours les cinq mêmes organisations qui sont considérées comme représentatives, il n’y a eu aucun effet sur l’émiettement syndical. Celle de la formation professionnelle? Elle est purement cosmétique. A la vérité, la seule réforme véritablement structurante ces dernières années a été la réduction du temps de travail, menée par l’Etat.

Comments are closed.