Uncategorized @ 14 octobre 2015, Commentaires fermés sur Quand la finance se met à la technologie

En 2014, 94 % de la population des pays à haut revenu de l’OCDE est bancarisée, contre 54 % dans les pays en développement et moins de 5% dans certains pays d’Afrique Subsaharienne (source : Global Findex, Banque Mondiale). Or, pour les pays les moins avancés, l’inclusion bancaire et financière permettrait des gains substantiels en termes d’efficacité économique, donc de croissance et de création d’emplois. Dans ces pays, la bancarisation ne s’effectuera pas à court terme par la prolifération d’agences bancaires, coûteuses et peu adaptées à des territoires aussi vastes. L’émergence de comptes par téléphonie mobile constitue une innovation technologique majeure dans le processus accélérateur de l’accès aux services bancaires et financiers. Dans déjà 13 pays d’Afrique subsaharienne, plus de 10% des adultes possèdent un compte via la téléphonie mobile, 58% au Kenya …. L’innovation est certainement au service de la finance, mais cette finance est au service de l’économie réelle. Et cela ne fait pas débat. Pendant ce temps-là, dans les pays occidentaux, l’innovation technologique révolutionne également le paysage financier avec des transactions sur les marchés financiers s’effectuant en nano secondes mais dont l’analyse avantage/coûts fait débat. Par ailleurs, le comportement les institutions bancaires et financières au cours des années 2000 a confirmé le peu d’efficacité du principe de la discipline de marché, et la Grande Crise a mis en exergue les excès de la finance. La finance est-elle, dans les pays occidentaux, au service du travail et de l’innovation ? Il est possible d’en douter. Le mirage des RoE à 15-20% de l’industrie financière s’est dissipé lorsque la crise a révélé que ces derniers, sans être ajustés des risques, étaient finalement peu significatifs. Le miracle des RoE a plus résulté de l’accroissement du levier et d’une augmentation des risques non capturés par les régulateurs que de véritables gains de productivité. Cependant, institutions financières et entreprises continuent de privilégier, dans leur stratégie, des critères financiers de court terme. Aux États Unis, en mars 2015, c’est la Federal Reserve Bank elle-même qui a refusé les plans de distribution des dividendes de Deutsche Bank et de Santander, et a demandé à Goldman Sachs, JP Morgan et Morgan Stanley de réduire la distribution de profits aux actionnaires. Les banques préfèrent encore distribuer leurs revenus plutôt que de les utiliser à renforcer leurs fonds propres et financer les entreprises innovantes, les « start-up », les PME et les TPE … activité consommatrice de fonds propres. Dans un contexte de profondes mutations des technologies de l’information et de la communication, les business modèles de l’industrie financière vont devoir s’adapter et faire face à la concurrence de nouveaux acteurs. Les plateformes de financement participatif (« crowdfunding ») en sont une illustration. Ces plateformes financent aussi bien les dons (les montants levés en France doublent chaque année), les prêts, assortis ou non d’un intérêt, et les prises de participation au capital. Créée en 2006 (par le français Arnaud Laroche) et introduite au NYSE en décembre 2014, la plateforme Lending Club a déjà permis le financement de projets pour un montant de 7,6 milliards de dollars. Elle a des partenariats avec Google et Alibaba et donc accès à des milliards de « financeurs » potentiels. Des financeurs qui n’hésitent pas à prendre des risques. La finance au service de l’emploi et de l’innovation est une problématique qui ne peut pas se poser dans les mêmes termes pour les pays occidentaux et les pays en développement. Dans les derniers, c’est l’innovation technologique qui va permettre à la banque et la finance d’être au service de la croissance et donc du travail. Dans les pays occidentaux, la finance au service du travail, c’est financer l’innovation et la croissance des PME.